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Le 22-01-2015 à 18:01

Visa Balladur : le drame invisible des Comores

Par Mathieu Viviani

Depuis 1995 et l’instauration par le gouvernement d’Edouard Balladur, d’un visa supprimant la liberté de circulation entre Mayotte et le reste de l’archipel des Comores, des milliers de Comoriens ont péri en mer en tentant de rejoindre clandestinement Mayotte. Le « visa Balladur » est devenu l’un des symboles d’une politique d’immigration désastreuse. Entretien avec Marie Duflo, secrétaire générale du Gisti.

Dans la photo de Une, la performance de la compagnie de théâtre O Mcezo* sur la tragédie du Visa Balladur dans les eaux comoriennes. Retrouvez une tribune de Soeuf Elbadawi, directeur de la Cie, parue dans le numéro 37-38 d’Altermondes

Après des siècles de libre circulation entre les différentes îles qui composent l’archipel des Comores, le gouvernement d’Edouard Balladur décidait, le 18 janvier 1995, d’instaurer un visa aux conditions draconiennes pour contrôler l’entrée des Comoriens sur le territoire de Mayotte. Si pour l’Union des Comores et l’Union africaine, l’île de Mayotte est un territoire occupé par une puissance étrangère, pour la France, elle fait en revanche, partie depuis le référendum de 1976 du territoire français (devenant même en 2011 un département d’Outremer). Le « visa Balladur » est venu consacrer encore davantage la séparation de l’île du reste de l’archipel. Principale et tragique conséquence : le développement d’une immigration dite  « illégale » qui ne cesse de croître depuis vingt ans, fauchant la vie de plusieurs milliers de Comoriens ayant emprunté des « kwassa kwassa », des embarcations de fortune, pour rallier l’île soeur. Un drame humain invisible que ne manquent pas de dénoncer des acteurs de la société civile, comme le Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés (Gisti). Marie Duflo, sa secrétaire générale, nous livre son témoignage.

La situation des migrants transitant par la mer Méditerranée serait, selon vous, comparable à celle des Comoriens tentant de rallier Mayotte. Pour quelle raison ?

Marie Duflo : Les motifs pour lesquels les Syriens, les Érythréens ou les Comoriens transitent d’un territoire à l’autre sont bien entendu différentes. Néanmoins, on peut noter certaines similarités. Tous se heurtent à une politique migratoire qui s’apparente à un mur juridique, politique et social de plus en plus  infranchissable. Les ressorts administratifs pour se déplacer légalement d’un pays à l’autre sont devenus tellement complexes, lourds et inaccessibles, que la plupart d’entre eux préfère risquer leur vie pour immigrer, voyageant dans des conditions bien souvent inhumaines. Tous connaissent également le goût amer de l’expulsion, du rejet par les populations des pays qu’ils traversent ou dans lesquels ils arrivent ainsi que la séparation familiale. Ce qui m’a interpellé dans le cas des migrants comoriens, c’est qu’ils demeurent peu visibles aux yeux du grand public et des médias. Leur situation est néanmoins tout aussi dramatique et illustre clairement le non-respect du droit international par une puissance mondiale de premier plan : la France.

De quelle manière votre association agit-elle pour apporter une solution au drame des migrants comoriens ?

En cours de négociation actuellement, le nouvel accord de circulation qui vise officiellement à « mettre un terme aux drames en mer dans l’archipel » est un leurre, selon plusieurs associations de défense des migrants comoriennes. Il aurait plutôt pour objectif de confier le contrôle des frontières françaises à l’Union des Comores.

M.D. : Nous nous mobilisons de différentes manières. En juin 2013, nous avons par exemple lancé une pétition signée par plusieurs associations, syndicats et partis politiques. Nous y dénonçons les violations du droit français et international commises à l’encontre des migrants comoriens sur l’île de Mayotte : expulsions massives et collectives sans demande d’asile possible, reconduites à la frontière de mineurs non accompagnés de leurs parents, dérogations de passage attribuées uniquement aux élites comoriennes, etc. Nous exigeons le retrait du nouvel accord de circulation qui est en train d’être négocié par les États français et comoriens. Enfin, cette pétition revendique l’abolition pure et simple du « visa Balladur » qui, depuis maintenant vingt ans, empoisonne voire fauche la vie de milliers de Comoriens. Parallèlement, nous menons un travail d’information et de sensibilisation au long cours. Nous rédigeons régulièrement des articles sur la situation politique, sociale et juridique des Comoriens partis vivre à Mayotte.

Quelles sont les principales entraves que vous rencontrez pour vous faire entendre ?

M.D. : Nous continuons à agir pour faire sortir du silence le drame de ces milliers de personnes. Mais il faut avouer qu’il est difficile d’accrocher l’attention du grand public sur leur situation. Celle des migrants qui transitent par la Méditerranéen est souvent beaucoup plus parlante. Ce qui peut se comprendre car elle touche beaucoup plus de personnes. Mais, celle de Mayotte, bien que de moindre échelle, obéit aux mêmes ressorts et aboutit au même résultat : la mort de milliers de gens et une misère sociale grandissante.

Lors de sa visite à Mayotte, en août 2014, le Président de la république, François Hollande, a parlé du “développement d’une véritable coopération régionale” comme “seul moyen de régler la question de l’immigration illégale sur l’île de Mayotte”. Qu’en pensez-vous ?

M.D. : La diplomatie française est très habile et efficace. Dans cette déclaration, on lit une volonté politique de l’État français de travailler en bonne collaboration avec son voisin comorien. Mais en analysant précisément les termes, on comprend que cette « coopération » n’est que sécuritaire. La France va prochainement renforcer son aide au développement et à la formation de la police de l’immigration comorienne. Toujours dans l’optique de limiter plus efficacement la libre circulation des personnes au sein de cet archipel. Depuis quarante ans, la diplomatie française est la même, seule la forme change de temps en temps…

Les vingt ans du « visa Balladur » selon le Gisti
Liste des accords en cours de négociations ou signés par la France et l’Union des Comores

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