

« Travailleurs invisibles » : Carrefour, Tesco et Walmart épinglés par la Confédération syndicale internationale
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Audits défaillants, bas salaires, mauvaises relations avec les syndicats locaux : la gestion de la chaîne de sous-traitance des géants mondiaux de la grande distribution Carrefour, Tesco et Walmart est loin d’être exemplaire. C’est ce que montre le dernier rapport de la Confédération syndicale internationale intitulé « Scandale. Dans les chaînes d’approvisionnement globales de 50 entreprises mondiales ».
Le spectre du Rana Plaza
Carrefour, Tesco et Walmart sous-traitaient la confection de certains de leurs vêtements dans l’usine indienne Rana Plaza, qui s’est effondrée le 24 avril 2013, faisant plus de 1000 morts. Ne souhaitant pas s’associer au « Bangladesh Accord » signé par plus de 150 enseignes et marques textiles du monde entier, Walmart a rejoint une initiative privée où le syndicats n’ont pas de place. Au final, malgré ses 9,1 milliards de dollars de liquidité en 2014, l’enseigne n’a versé que 1 millions de dollars aux victimes. Quant à Carrefour, il a tout simplement refusé de participer au fond. Position initialement adoptée par un autre géant français impliquée dans l’accident, Auchan, qui a finalement versé 1,5 millions de dollars.
Pesant à eux trois près de 700 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014, Carrefour, Tesco et Walmart comptent respectivement 380 000, 510 000, et 2,2 millions de salariés directs. Mais lorsqu’on considère leurs effectifs « indirects », à savoir la main d’oeuvre de leurs fournisseurs et sous-traitants, leur force de travail apparaît bien plus élevés : 1,1 millions de travailleurs pour Carrefour, 2,1 millions chez Tesco (présent dans 70 pays, notamment en Asie), et 10 millions à Walmart. Or, ces « travailleurs invisibles » des chaînes d’approvisionnement ne bénéficient pas des mêmes droits des salariés directs. C’est en tout cas ce que met en avant le rapport « Scandale. Dans les chaînes d’approvisionnement globales de 50 entreprises mondiales », publié récemment par la Confédération Syndicale Internationale.
Cas de sous-traitants soupçonnés d’esclavage
L’étude rapporte que Walmart et Tesco ont été épinglés pour avoir travaillé avec des fournisseurs asiatiques employant des travailleurs birmans et cambodgiens maintenus en état d’esclavage. C’est le cas notamment de la filière des produits de la mer thaïlandaise, comme le montrait ce rapport d’Action Aid et Finnwatch et ce reportage multimédias d’Altermondes sur les conditions des travailleurs migrants du secteur. Malgré les révélations, tant Wallmart que Tesco on maintenu leur lien avec des fournisseurs comme Food CP ou Thaï Union Group.
Laxisme dans l’évaluation des sous-traitants
Globalement, l’étude pointe les défaillances des audits des fournisseurs et sous-traitants travaillant pour les trois firmes. L’année dernière par exemple, près d’un tiers des audits de Carrefour a révélé que certains de ses fournisseurs violaient le droits de travailleurs en matières de santé, de sécurité et de temps de travail. Quant aux salaires, l’enseigne n’a pas réussi à faire converger ses sous-traitants vers le seuil du salaire vital. La multinationale anglaise Tesco s’en sort à peine mieux. Comme témoignait le coordinateur de la campagne Banana Link sur Altermondes, Tesco est devenu le premier acteur de la grande distribution à garantir un salaire vital aux travailleurs de la filière banane dès 2017. Mais ces conditions ne s’appliquent toujours pas à d’autres filières, comme celle du textile et habillement.
Une enquête détaillée sur « les travailleurs invisibles »
94% de travailleurs indirects. Telle est la proportion dans les chaînes d’approvisionnement des 50 plus grosses multinationales de la planète. 60% des échanges commerciaux de ces firmes dépendent de cette main d’œuvre « invisible ». Et pourtant, elle est soumise à des conditions de travail indignes. Pour Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI : « Les bénéfices de toutes ses firmes se font sur le dos de bas salaires qui ne permettent pas aux travailleurs de vivre. Au nom des profits, la sécurité est négligée ce qui mène à des accidents, voire des morts, indéfendables sur les lieux de travail et ces gains sont amplifiés par la fraude fiscale ou sont dramatiquement liés à la pollution de terres et d’eaux communautaires. » La CSI appelle donc les multinationales à assumer leur responsabilité. Et rappelle que les liquidités de rien que la moitié des 50 firmes étudiés, soit environ 387 milliards de dollars, pourraient permettre d’octroyé un prime annuelle de 5 000 dollars à chacun de leurs 71,3 millions de travailleurs détachés.
Les pratiques de Walmart dans ses chaînes de sous-traitance passées au crible par la fédération syndicale UNI Global Union (en anglais)
Crédits photo de Une : The Public Eye Award
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