
Tout s’accélère
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Dans Tout s’accelère, Gilles Vernet, ancien trader devenu instituteur, s’appuie sur les paroles de ses élèves de CM2 pour questionner ce temps qui échappe à notre contrôle, générant de l’insatisfaction permanente et de la souffrance. Et pose finalement cette question : jusqu’où irons-nous ? Quelles seront nos limites, et en aurons-nous seulement ?

En salle le 20 avril 2016
L’accélération du temps, sa pression constante, Gilles Vernet les connaît bien. Trader dans les années 1990, il a vécu au rythme effréné de la spéculation financière, jusqu’à ce que sa mère tombe gravement malade et qu’il prenne alors conscience du vide d’une existence passée à courir derrière le temps et l’argent. Devenu instituteur, il prend le contre-pied de sa vie passée en se donnant le temps d’écouter, d’observer, de s’enrichir autrement, au contact notamment de ses élèves dont la justesse des réflexions l’impressionne. Après avoir lu Accélération, ouvrage dans lequel le sociologue et philosophe allemand Hartmut Rosa décrypte le rapport au temps des sociétés occidentales, lui vient l’idée d’un documentaire qui s’appuierait sur les paroles de ses élèves pour questionner ce temps qui échappe à notre contrôle, générant de l’insatisfaction permanente et de la souffrance. Au fil de journées consacrées à parler et penser ensemble, les élèves de Gilles Vernet cernent les tenants et les aboutissants (économiques, technologiques, écologiques, sociaux) de cette accélération à laquelle nous sommes soumis et qui conditionne tous les aspects de nos vies : la pression du travail, le désir d’avoir plus, la griserie de la vitesse et du progrès, la volonté de tout mener et réussir de front… Développant leurs réflexions, ils mettent le doigt sur l’épuisement qui nous guette : le nôtre et celui des ressources naturelles. Muni des paroles lucides et percutantes de sa classe de CM2, le réalisateur recueille ensuite les réactions et l’éclairage de cinq personnalités de différents horizons, qui révèlent les peurs que nous nous efforçons de maintenir à distance dans cette course sans but : l’échec, le manque, l’ennui, la mort. Tout s’accélère entremêle les paroles des enfants et des adultes, dont la pertinence est équitablement partagée, pour dresser le saisissant tableau d’une civilisation malade de ses excès. Le film pose finalement cette question : jusqu’où irons-nous ? Quelles seront nos limites, et en aurons-nous seulement ? Le réalisateur, bien sûr, n’y répond pas. Mais son documentaire, dont la forme très soignée épouse visuellement le propos, invite à réfléchir et à modifier le prisme à travers lequel considérer nos vies. Porté par une foi inébranlable dans les enfants, il fait le pari de leur capacité à maintenir éveillée leur conscience pour construire un avenir plus apaisé.