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Le 04-11-2014 à 11:11

« Nous préparons pour 2020 une marche d’un million de personnes »

Par David Eloy

Dans les pays du Sud, l’inégalité d’accès à la terre résulte principalement de l’absence de réforme agraire adéquate. La raison en est souvent plus politique que technique. Ce qui pousse les acteurs de la société civile au bras de fer avec leur gouvernement. Comme en Inde, où le mouvement Ekta Parishad organise d’impressionnantes marches pacifiques. Rajagopal P.V., son fondateur, était récemment en Europe pour préparer la prochaine.

Ekta Parishad, le mouvement dont vous êtes le président, dénonce le lien entre droit à la terre et pauvreté. Qu’entendez-vous par là ?

Rajagopal P.V. : Dans notre monde globalisé, où les technologies et les capitaux circulent très vite, la pauvreté demeure le principal problème. Pourquoi ? Parce que partout, en Afrique, en Amérique latine ou en Asie, ils conduisent à l’épuisement des ressources naturelles, que ce soit la terre, la forêt, l’eau ou les minerais, afin de générer du profit. Or, à moins de leur donner des terres, les pauvres ne peuvent pas rester dans le monde rural. Le résultat en est l’accroissement de la pauvreté. Une pauvreté qui mène à la migration, qui elle-même crée des bidonvilles, où nait la violence. C’est une réalité, y compris en France, où vous expulsez des gens de leurs terres pour construire un aéroport. Que dire du Brésil ? Deux fois et demi la taille de l’Inde, 80% des personnes vivant en villes, notamment dans les bidonvilles, et 20% de la population contrôlent les terres pour y produire, entre autres, des agrocarburants. Ce modèle de développement consomme énormément de ressources naturelles. La terre commune est utilisée par de grandes entreprises. La pauvreté a un lien direct avec la manière dont sont utilisées les terres.

Diriez-vous que notre modèle de développement est en crise ?

R.P.V. : Parfaitement. Même les pays où ce modèle a marché pendant des années réalisent aujourd’hui qu’il n’a pas d’avenir. Il nous faut un nouveau modèle fondé sur la justice et l’éthique pour éviter que quelques uns accumulent la richesse pendant que de nombreux autres souffrent de la pauvreté et du chômage. C’est le moment pour la jeunesse de s’organiser afin de sortir de ces difficultés. Beaucoup de gens se mobilisent aujourd’hui. En Belgique, j’ai rencontré des jeunes prêts à se battre contre les OGM, quitte à être emprisonnés. En Allemagne, c’était contre les mines ; en France, contre le projet de Notre-Dame-des-Landes. Ce n’est donc pas uniquement dans les pays Sud. La nouvelle génération doit avoir l’opportunité de déterminer le monde dans lequel elle veut vivre.

Un nouveau modèle peut-il émerger de ce foisonnement d’initiatives ?

R.P.V. : Plutôt que de rester assis et réfléchir à comment changer ce système, il faut que les gens soient créatifs et prennent des initiatives pour trouver de nouvelles manières de pratiquer l’agriculture, de produire l’énergie, de développer d’autres modes de transport… L’économie globale est violente. En Inde, nous défendons une économie locale et non-violente, ce que l’on appelle ici l’économie sociale et solidaire. Autrement dit, on n’entre pas dans le marché, à moins que ce ne soit absolument nécessaire et on promeut un modèle économique qui vienne de la communauté et bénéficie à chacun. Ce qui implique d’avoir le contrôle sur les ressources naturelles. C’est un véritable défi à l’économie globale.

Un changement par la base plutôt que par le haut ?

R.P.V. : Les révolutions viennent et repartent, mais, au fond, les choses changent rarement. Je reviens de Géorgie, où les gens m’ont dit : « On a changé trois fois de gouvernement en dix ans. Et tout le monde agit de la même manière ! ». Nous avons longtemps cru que le changement viendrait d’en haut, maintenant nous adoptons la posture inverse : le changement doit venir de la base, de là où les gens pensent et agissent différemment. C’est ainsi qu’on rend une démocratie vivante, avec des gens qui s’organisent, qui prennent des responsabilités, qui reprennent le contrôle de leur vie.

C’est ce que vous avez essayé de faire en organisant les marches de Janadesh, en 2007, et Jan Satyagraha, en 2012 ?

R.P.V. : Oui. La démocratie, ce n’est pas seulement une question de personnes cherchant à se faire élire pour ensuite corrompre l’État. La démocratie, c’est aussi des gens qui continuellement interpellent l’État. En 2007, Janadesh avait rassemblé plus de 25000 personnes pour une marche qui a duré un mois et nous avions obtenu une loi censée permettre aux Adivasis, les peuples indigènes, de recouvrir leurs droits sur leurs terres et sur les forêts. En 2012, nous avons marché pour que cette loi soit enfin appliquée et, surtout, pour une réforme agraire globale. 50 000 personnes avaient répondu à l’appel. Maintenant, nous préparons pour 2020 une marche d’un million de personnes à travers le globe. Le groupe principal sera constitué d’une centaine de personnes, qui partiront de New Delhi, en Inde, pour rallier Genève, en Suisse. 8 000 kilomètres en 15 mois. Il y aura bien sûr des milliers d’autres marcheurs dans chaque pays. Ce seront quinze mois d’action globale afin d’interpeller les Nations unies, la Banque mondiale, le FMI et l’OMC, toutes ces institutions qui créent de la pauvreté et doivent être secouées. De manière non-violente, bien sûr. C’est la raison de ma présence en Europe, en ce moment.

Le changement par la base ne pose-t-il pas la question de la prise de conscience collective ?

R.P.V. : Il faudrait effectivement une vaste campagne d’éducation pour apprendre aux gens à penser les problèmes de ce monde. Ce qui se passe aujourd’hui au nom de l’éducation s’apparente plus à un lavage de cerveau. On prépare les gens à une nouvelle forme d’esclavage au secteur corporatif. On ne crée pas des cerveaux qui remettent les choses en question. Les gens s’assoient devant leur nourriture sans savoir comment et par qui elle a été produite. Se demandent-ils quand ils boivent du Coca-Cola comment la boisson a été produite ? Savent-ils combien d’eau est nécessaire à la production d’un mètre de tissu pour fabriquer des vêtements ? Nous sommes déconnectés de notre réalité. Ce qui permet au modèle de développement en place de se perpétuer. Tous les gens dits éduqués se contentent de répéter et reproduire ce qui s’est dit ou fait ces dernières années. Il faut réapprendre aux gens à se mobiliser pour agir collectivement, sans violence. Un nouveau monde ne va pas venir parce qu’on le souhaite, il viendra parce qu’on y travaille.

Êtes-vous confiant ?

R.P.V. : Bien sûr ! C’est d’ailleurs pour cela que nous organisons cette marche en 2020. Nous avons travaillé et marché en Inde pendant longtemps. Désormais, le défi est mondial. Tous les acteurs, au lieu d’être isolés, doivent se rassembler pour dénoncer la destruction de la planète. Nous avons une responsabilité globale.

Altermondes a suivi de près la Jan Satyagraha. En décembre 2012, dès le lendemain de la marche, Marie Bohner (Ekta Europe), Antoine Bouhey (Peuples Solidaires) et François Gille (Solidarité) rendaient compte de l’importance de cette mobilisation dans : Jan Satyagraha, la victoire des sans-terre !  Six mois plus tard, Lillykutty V.S d’Ekta Mahila Manch, la branche féminine du mouvement Ekta Parishad, faisait le point sur les promesses du gouvernement dans : Jan Satyagraha : l’égalité en marche !

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