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Le 31-10-2014 à 11:10

Nucléaire : pas de décharge sur les terres des aborigènes de Muckaty

Par Edouard de La Rochefordière et Natalie Wasley (Beyond nuclear initiative)

Le 19 juin 2014, le gouvernement australien annonçait qu’il renonçait à poursuivre la construction d’une décharge de déchets radioactifs sur les terres aborigènes de Muckaty, dans le Territoire du Nord australien. Retour sur cette victoire avec Marlene Bennett Nungarrayi, membre du peuple Warlmanpa qui a lutté pendant huit ans contre ce projet.

Sur les ondes de Radio Nova, David Eloy revient sur la victoire des aborigènes de Muckaty (émission du 03/02/2015)
Sur les ondes de Radio Nova, David Eloy revient sur la victoire des aborigènes de Muckaty (émission du 03/02/2015)
Le projet de décharge contre lequel vous vous êtes mobilisés n’était pas seulement dangereux d’un point de vue sanitaire et environnementale, il menaçait également votre culture.
Marlene lors d'une manifestation
Marlene lors d’une manifestation

Marlene Bennett Nungarrayi : Lors d’un rassemblement qui s’est tenu à Alice Springs pour célébrer notre victoire, j’ai dit à la foule : « Je suis une femme Warlmanpa très fière aujourd’hui. Nous avons montré que nous défendions fièrement notre terre et le droit et la culture de ce pays. Que cela soit entendu : nous ne sommes qu’un petit groupe de personnes, mais nous ne serons pas divisés et conquis par des dons d’argent. Nous avons résisté, comme nos ancêtres nous l’ont appris. Ceci est une étape importante dans l’histoire des aborigènes. » Mais il faut savoir que ce procès était pour nous une mesure désespérée. Au début de la mobilisation, nous avions décidé de régler les problèmes selon la tradition aborigène. Nos familles avaient lancé un défi culturel à ceux qui soutenaient le projet en disant : « Venez nous montrer vos danses et vos chants, nous montrer que vous avez l’autorité nécessaire pour donner cette terre ! » Nous nous étions tous rassemblés pour montrer qui nous étions en tant que peuple au cours de la revendication territoriale de Muckaty. La Cour fédérale s’est déplacée jusqu’à Tennant Creek, la ville la plus proche du site escompté pour la décharge nucléaire, et même en dehors du territoire de Muckaty, pour recueillir des témoignages. Mais le fait de passer par la Cour a été pour nous très dévalorisant et pénible. Le conflit entre la loi de l’homme blanc et notre « Lore » (loi traditionnelle aborigène) était flagrant. L’autorité culturelle des doyens de notre clan a été remise en question lors d’un contre-interrogatoire. Dans notre culture, ces aînés sont des avocats et les juges de la Haute-cour. Il était très triste de les voir soumis à un interrogatoire.

Quelles formes de mobilisation avez-vous utilisées ? La population locale était-elle à vos côtés ?

La mobilisation des aborigènes de Muckaty est racontée dans le documentaire Sovereignty Dreaming, la révolte des Rêves, projeté en ce moment dans le cadre du Festival International du Film d’Environnement.
Séances  Mercredi 4 février (13h00) et Jeudi 5 février (17h30) au Cinéma des Cinéastes (Paris)

M.B.N. : Au fil des années nous avons construit des alliances avec des groupes écologistes locaux et nationaux, avec le mouvement syndical, des groupes médicaux et bien d’autres, y compris des politiciens. Nous avons également reçu le soutien de bergers de la région, qui étaient inquiets de l’impact de la décharge sur leur bétail. Nous avons organisé des réunions d’information dans les communautés et effectué des marches de protestation à Tennant Creek. Nous voulions aussi que notre histoire soit connue dans tout le pays et le monde. Nous avons donc travaillé avec nos aînés et nos sympathisants pour réaliser des films, des expositions photo, des poèmes et des chansons. Beaucoup de gens de notre peuple, des jeunes et des vieux, ont voyagé et parlé à des étudiants, des journalistes, des politiciens, à tous ceux qui voulaient bien nous entendre. Je pense que nous avons contribué à une meilleure compréhension des peuples autochtones, de leurs modes de vie et des luttes auxquelles ils sont confrontés.

Le gouvernement australien est-il conscient de l’importance que les peuples aborigènes donnent à la terre ?

Pour retrouver plus d’images et d’informations sur la mobilisation de Muckaty, rendez-vous sur Beyond Nuclear Initiative

M.B.N. : Cela fait deux décennies que le gouvernement tente d’installer une décharge de déchets nucléaires sur les terres aborigènes. Il a parfois été question d’acheminer des déchets nucléaires produits à l’étranger, d’autres fois cela s’est limité aux déchets provenant d’Australie. Les lois autorisant la construction de décharges nucléaires contiennent de nombreuses infractions aux droits des aborigènes. Les occupants des terres entourant un site de déchets peuvent ainsi être expropriés sans aucune consultation préalable. Quant aux compensations, dans notre cas, le gouvernement prévoyait de créer une fondation qui aurait financé des infrastructures et des bourses d’études, ce qu’il a de toute façon l’obligation de fournir. Ce projet de décharge nucléaire sur nos terres n’était qu’une nouvelle tentative de colonisation et d’assimilation forcée de notre peuple. Ils ont d’abord essayé de nous exterminer pendant des parties de chasse meurtrières, puis en empoisonnant nos points d’eau. Les adultes qui n’ont pas été chassés de leurs terres ont été contraints au travail forcé dans l’industrie agricole. Beaucoup de lois ont été adoptées pour fragiliser nos droits et nos pratiques coutumières. Cela a entraîné une spirale infernale d’alcool, de violence et d’autodestruction. En nous dépossédant de nos terres, en les séparant de nos sites sacrés, on cherchait surtout à nous forcer à devenir de « bons blancs ». Grâce à cette lutte victorieuse, nous avons montré que nous ne serons pas brisés. Nous sommes forts sur cette terre et nous exigeons le respect en tant que l’une des cultures les plus anciennes sur Terre. Les relations profondes et significatives que nous avons construites à travers cette campagne sont un exemple pour toute l’Australie. Cela nous donne de l’espoir.

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