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En débat

« Le secteur privé doit-il financer le développement ? »

L’Année 2015 est marquée par une succession de rendez-vous internationaux d’ampleur qui seront tous déterminants pour l’avenir du financement du développement. À commencer par la Conférence d’Addis-Abeba, en juillet. En septembre, l’Assemblée générale des Nations unies va adopter les Objectifs de développement durable (ODD), qui prennent le relais des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), avec l’intégration des enjeux environnementaux qui seront également au centre de la COP 21, la Conférence climat de Paris, début décembre. Tous ces rendez-vous devraient exprimer des besoins en capitaux qui dépassent de loin ce qu’apportent les États à travers l’aide publique. Conséquence : un appel du pied au secteur privé, déjà fortement associé aux tables rondes internationales. Est-ce pour autant son rôle de financer les politiques de développement ? Certes, il représente une manne qui n’est pas négligeable, notamment au vu des montants nécessaires pour lutter plus efficacement contre la pauvreté, les pandémies ou promouvoir l’accès à des services de base. Mais, pour certaines ONG, il y a autant de risques que d’opportunités à confier le développement aux entreprises. Débat. (Crédits photo : Heather Paque)

Electrification rurale en Afrique : des besoins immenses, des solutions éprouvées, mais des dispositifs de financement à remettre en cause

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L’accès à l’énergie pour tous est enfin reconnu comme un enjeu mondial de développement humain et économique. Aujourd’hui néanmoins, pour apporter de la lumière, de la sécurité, de meilleures conditions d’hygiène ou d’éducation, des opportunités d’activités rémunératrices grâce à l’électricité, les moyens financiers sont encore très insuffisants et de moins en moins adaptés aux populations ciblées et aux acteurs concernés.

Alors que, dans certaines zones du monde, l’électrification gagne du terrain, il est de gigantesques régions où l’accès durable à l’électricité risque de rester encore longtemps un mirage. C’est surtout le cas en Afrique subsaharienne ou dans certaines zones d’Asie du Sud. C’est ainsi que depuis longtemps le nombre de personnes privées de toute énergie électrique stagne à un peu plus d’un milliard.

Cela est-il dû au contexte particulier de ces régions où l’habitat est très peu dense ou inaccessible, rendant extrêmement coûteuse toute solution classique à base de sources importantes de production et de réseaux électriques d’envergure ? Ou bien au manque de ressources des populations concernées, vivant dans l’extrême pauvreté et ne pouvant constituer un marché intéressant les investisseurs ?

En réalité, des solutions adaptées à cette double problématique existent, mises en œuvre tous les jours par des ONG, des agences d’électrification rurale, des associations, des collectivités territoriales. Régulièrement, des projets voient le jour, combinant énergies renouvelables et efficacité énergétique, durables, réplicables. Hélas, les modalités de financement de ces initiatives ne leur permettent pas encore de constituer une véritable politique globale d’électrification des zones rurales isolées dans les pays en développement.

Loin d’être inexistant, le financement des projets d’accès à l’énergie pour le développement des populations les plus isolées pourrait être grandement amélioré, et la tendance actuelle ne donne pas à voir les évolutions que nombre d’ONG appellent de leurs vœux.

La première caractéristique des financements actuels est leur rareté. Les projets et les besoins ne manquent pas, mais les ressources nécessaires ne sont pas encore à la hauteur du défi. Alors qu’il faudrait environ 30 Milliards de Dollars par an jusqu’à 2030 pour réaliser l’électrification de l’Afrique subsaharienne[1], les fonds mobilisés jusqu’à présent par les principaux bailleurs multilatéraux ou nationaux, publics ou privés (notamment Banque Mondiale, Union Européenne, Banque Africaine de Développement, Agences de développement, fondations) sont au mieux dix fois inférieurs à cette cible.

Le deuxième problème tient à la nature des financements proposés par les principaux bailleurs : ils sont adaptés à des pays, des régions, des populations où le niveau de revenu, même faible, permet de se passer de subventions et d’avoir une approche marché, voire business. Ainsi, de nombreux organismes de financement proposent des prêts ou au mieux un mix prêt / don. Cette vision de l’électrification est celle d’un déploiement exclusif et progressif d’une activité suffisamment rentable pour attirer des investisseurs privés auxquels les financeurs internationaux apporteraient un coup de pouce. Parmi les rares exceptions, on peut citer l’Agence de développement britannique DFID qui privilégie systématiquement la subvention par rapport au prêt (pour combien de temps encore ?). Même l’Union Européenne a enterré le programme Facilité Energie qui octroyait des subventions, pour créer un dispositif complexe, « ElectriFi », orienté vers les investisseurs privés et privilégiant le mix prêt / don avec une faible part de don. Le monde de la solidarité énergétique internationale attend donc toujours de véritables instruments de grande envergure privilégiant la subvention car l’électrification rurale, si diverse soit-elle en fonction des régions et des ressources naturelles disponibles, se fera « par le bas » ou ne se fera pas. Cela nécessite une approche locale des interventions portées par une logique programmatique de subventions massives et durables permettant de toucher les populations les plus démunies, de les accompagner vers la sortie de la pauvreté et d’amorcer une réelle transition énergétique, sociale et économique.

Le troisième problème, qui n’est pas le moindre, tient à la fois à la complexité des mécanismes mis en place qui induisent des coûts de transaction élevés et à leur temporalité. Là où des sources de subventions existent (fondations, financements publics locaux et quelques agences de développement…), les dispositifs d’appel à projet les émiettent (multiplicité de guichets portant sur de faibles montants), les renchérissent (lourdeur et diversité des processus de décision) et les contraignent dans le temps en raison de la priorité souvent donnée à des projets de courte durée à visibilité immédiate.

Subventions massives, visibilité pluriannuelle, souplesse des dispositifs, mutualisation des suivis et audits, c’est à ce prix que les initiatives d’électrification rurale – dont les cartons des ONG sont pleins – auront les moyens de constituer enfin une alternative crédible et durable.


[1] Source : Agence Internationale de l’Energie, World Energy Statistics and Balance (2012),

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Contributeur : Marc Gratton - Délégué Général Electriciens sans frontières 27/07/2015 - 22:25